Auteur dramatique – Romancier – Parolier
L’écriture du théâtre est d’utilité publique, car elle sonde, elle questionne, elle explore les heurs et les malheurs de nos sociétés.
Elle est le lieu du débat, de la confrontation, la scène où s’expose les enjeux qui gouvernent nos vies, où se révèle la complexité de nos natures d’êtres humains. Ce regard des hommes et des femmes sur les hommes et les femmes nous éclaire. Il nous aide à penser et à grandir. Il doit être, par la poésie, le privilège du plus grand nombre, car la poésie laisse à chacun de nous, la liberté de la comprendre et de l’interpréter, quelle que soit l’étendue de nos connaissances.
L’écriture est pour moi un acte de jouissive indiscipline. À quoi bon l’ordre si l’on ne peut lui faire goûter un peu d’anarchie, pourquoi édicter des règles si l’on ne peut leur botter les fesses, à quoi bon nous choisir des chefs si l’on ne peut pas les faire vaciller, au moins virtuellement, sur leur piédestal.
En fait, je ne sais rien, je ne sais rien du tout, mais la joie, la joie, je la cherche, elle est là, tout près, et nous le savons si peu.
« Jamais rien d’autre. D’essayé. De raté. N’importe. Essayer encore. Rater encore. Rater mieux. » Samuel Beckett
« Il faut admettre qu’on ne sait rien, cot, cot, cot, comme disent les poules. »
Witold Gombrowicz
LEOPOLDINE (inédit)
(…)
ALPHA DIRLADA
Et qui est celui-ci
Ce moi qui va
Quelle prestance Cher
LE CHŒUR
C’est lui
ALPHA
Et je suis qui
Qui c’est qui va là
Le meilleur Bien sûr
Je suis Le Meilleur
Il n’y a pas de discussion sur ce point
Non mais Dites-le
Je suis qui Ici
LE CHŒUR
Tu es Alpha Dirlada
ALPHA
Oui C’est moi Dirlada
Je suis le candidat
Je vise la présidence de la Terralie
Et tralala
LE CHŒUR
Sur l’air du tralalala
ALPHA
Il va falloir que ça rentre Le candidat
Le meilleur candidat Dirlada
Le mâle Alpha
LE CHŒUR
Sur l’air du tradéridéra Et tralala
ALPHA
Qui est-ce
Mais qui est-ce
Mais bon sang C’est Dirlada
Non mais pincez-moi Je rêve
Alpha Dirlada
Le candidat
La leçon n’est pas compliquée
Collez-vous la aux archives Bon sang
Un petit effort
Les électeurs ont-ils de la cervelle
Il n’est pas certain que ce soit la règle
Il réfléchit un instant.
Non Je ne peux pas croire qu’ils le fassent exprès
Je pourrais rouler mes paroles entre mes doigts
Composer une boule dure
Et leur balancer dans la gueule
Alpha Dirlada Le meilleur candidat
Négatif Alpha
L’électeur ne se fracasse pas
L’âne électeur se cueille avec la délicatesse qui lui est due
Une porte claque. Alpha sursaute.
Quoi
Le Chœur idem.
LE CHŒUR
Mais Quoi
ALPHA
Qui est là
Un fantôme J’imagine
Cette demeure est bourrée de courants d’air Bouh-ouh
Palmira Mirontaine a enfilé un masque à gaz qui dissimule son visage. Alpha a un mouvement de recul.
Qui êtes-vous
Alpha n’en mène pas large. Palmira ôte son masque.
Ah C’est toi C’est malin
Je ne suis pas certain que tu aies vu l’heure
Palmira montre son masque.
PALMIRA MIRONTAINE
La journée était noire
ALPHA
Ah
PALMIRA
Difficile de l’ignorer
ALPHA
Je ne suis pas sorti
PALMIRA
Tu as bien fait
ALPHA
Ah
PALMIRA
Le vent se lèvera cette nuit
Nous aurons quelques jours de répit
Tu as l’air enchanté de me voir
ALPHA
Une urgence Je suppose
PALMIRA
Je sais que je ne te dérange pas
ALPHA
C’est toi qui l’affirme
PALMIRA
Détends-toi Alpha
Mes services seraient vraiment médiocre
Si je n’étais pas au courant de tes habitudes
C’est le meilleur moment pour te parler dans le calme
(…)
MAISONS D’éDITIONS
DERNIèRES PARUTIONS
Avec ce roman solaire, Stanislas Cotton nous fait suivre une passion naissante par le menu, de la tendre complicité à la douleur du doute et de l’absence. Il le fait avec brio, d’une plume alerte et poétique, créant une forme d’indéniable enchantement qui rivalise fièrement avec la brutalité de la vie.
Thierry Detienne
Avec le style qui lui est propre – poétique et proche du conte –, Stanislas Cotton s’attaque, comme souvent, à un sujet de société. Il met à jour nos travers, notamment ici les risques de la toile. « Internet, ce marécage où il faut craindre de s’enfoncer », nous prévient-il en exergue du texte.
Emilie Gäbele