DANS LE TROU
SCENE 6
Moustache lit son journal.
MOUSTACHE
Voilà que l’on parle Maintenant
D’une espèce de mal foutu à écailles
D’une recombinaison génétique
Entre un virus de la bestiole
Et un autre Issu de la cousine chauve
On déambule au musée des horreurs Bouh
Il soupire.
Saura-t-on un jour D’où sort cette saloperie
La question demeure
Point d’épilogue
Seulement des hypothèses
Et toujours ces fichues théories du complot
Des explications pour cervelle molle
Du gâteau pour les ignorants
On entend soudain un « clac ! » bien net. Il sursaute.
Crottin de Brebis
Piège à souris Saleté
On entend le hurlement lointain d’un enfant.
Qu’est-ce que c’est que ça
Moustache se lève et s’approche de la porte d’entrée.
Tiens tiens
Comme c’est intéressant
La petite menotte Oh
Comme c’est douloureux
Grand Munster C’est sévère
Vraiment très douloureux
Compression des doigts Ecrasement
Boudins rosés virent au bleu
Joli traumatisme des chairs et des tissus
C’est bien fait pour toi
Tu traînes ton museau partout La tripoteuse
Et bien Voilà la monnaie de ta pièce
C’est ce qu’on appelle l’école de la vie
Entrée de Capucine affolée…
CAPUCINE
Moustache Moustache
Pourvu qu’il ne soit pas trop tard
Où es-tu Bon sang
Ah Te voilà
Saint-Félicien J’ai eu peur
Je n’ai pas rêvé
J’ai bien entendu cette saleté
Un visiteur imprudent Peut-être
MOUSTACHE
Nous n’attendons personne
CAPUCINE
Clac J’ai entendu
MOUSTACHE
Oui
CAPUCINE
Qui
MOUSTACHE
Il s’agit de la monstrueuse
On entend la voix lointaine de madame Dupoinçon : « Ma pauvre petite chérie ! »
CAPUCINE
Ah bon Comme c’est intéressant
MOUSTACHE
Oui La menotte de la blondinette Figure-toi
CAPUCINE
Oh Non
MOUSTACHE
Oh Si
CAPUCINE
Quelle curieuse N’est-ce pas
MOUSTACHE
Une véritable fouine
CAPUCINE
Eh bien Elle crie fort
MOUSTACHE
La barre métallique de l’assommoir sur les doigts
Ça multiplie les décibels
CAPUCINE
Ah oui
MOUSTACHE
Eh oui
CAPUCINE
Je dirais Bien fait
MOUSTACHE
Oui Et c’est rude
CAPUCINE
C’est une bonne leçon
MOUSTACHE
Un avertissement de poids
CAPUCINE
Clac
MOUSTACHE
Mais elle va s’en remettre
CAPUCINE
Malheureusement
La voix lointaine de madame Dupoinçon : « Nous t’avions pourtant dit de ne pas toucher ! »
MOUSTACHE
Il ne fallait pas toucher
CAPUCINE
Ne pas toucher Antoinette
MOUSTACHE
On ne touche pas
Tu comprends ça
CAPUCINE
Il faut toujours écouter ses parents
MOUSTACHE
Ce n’est pas sorcier
CAPUCINE
Combien de fois faut-il le dire
Un temps.
MOUSTACHE
Ah L’eau froide Maintenant
CAPUCINE
Bien glacée
Les hurlements lointains redoublent.
MOUSTACHE
Ouch C’est cuisant
CAPUCINE
Pauvre petite canaille
MOUSTACHE
Je ne voudrais pas être à sa place
CAPUCINE
Ni moi Oh Non alors
MOUSTACHE
C’est la vie
CAPUCINE
La vie des petites curieuses
MOUSTACHE
Chaque jour nous en apprend
Ils soupirent. Un temps.
MOUSTACHE
Eh bien
CAPUCINE
Eh bien
Quel calme soudain
Un temps.
MOUSTACHE
Tiens Moi Je prendrais bien un petit bout de Cheddar
CAPUCINE
Oh Mais c’est une idée
Un petit bout de Cheddar
MOUSTACHE
Avec un petit verre de blanc
CAPUCINE
Un petit bout de Cheddar
Et un verre de blanc
Mais quelle idée excellente
MOUSTACHE
C’est une belle journée N’est-ce pas
Malgré ce confinement
Une belle journée Même avec ce confinement
CAPUCINE
Oui Si tranquille aujourd’hui
MOUSTACHE
Alors Prenons l’apéritif
Pour la finir en beauté
CAPUCINE
Vivement que l’on puisse revoir les enfants
Ils me manquent
MOUSTACHE
Oui Vivement
Mais ce calme Tout de même C’est précieux
Hein Ce calme
CAPUCINE
Tu as raison
Profitons de ces instants
MOUSTACHE
Je me mettrai au fourneau plus tard
CAPUCINE
Mais oui Rien ne presse
MOUSTACHE
Tu préfèreras des frites de patates douces
Ou de pommes de terre
Je vais préparer une petite mayonnaise Je crois
CAPUCINE
Peux-tu m’accorder quelques minutes de réflexion
MOUSTACHE
Mais bien sûr Ma chérie
Comme tu dis Rien ne presse
Nous avons tout notre temps
Soupirs.
Tiens Tu sais ce que j’ai lu dans le journal
Figure-toi qu’on en mange de drôles de choses
Dans certaine contrées lointaines
CAPUCINE
Ah bon
MOUSTACHE
Oui Tiens-toi bien
De la cousine chauve séchée Par exemple
CAPUCINE
Pardon
MOUSTACHE
Desséchée
CAPUCINE
Mais non
MOUSTACHE
Je t’assure
Nue Poilue À écailles
Les bestioles sont à l’étal
Je le lisais Pas plus tard que tout à l’heure
Dans certains lieux
Je ne donnerais pas cher de nos museaux
Nous nous retrouverions dans les assiettes
CAPUCINE
Mais quelle horreur
(Si des fromages vous sont inconnus, cliquez sur leurs noms.)
(à suivre…)
© Stanislas Cotton 2020-2023