DANS LE TROU
SCENE 10
CAPUCINE
J’entends quelque chose
MOUSTACHE
Hum
CAPUCINE
Cette saleté
MOUSTACHE
Hum
CAPUCINE
Je te dis que je l’entends
MOUSTACHE
Qui chat
CAPUCINE
Mais que tu es drôle
Cette espèce d’égorgeur n’est pas loin
MOUSTACHE
La sale bête rôde
CAPUCINE
Aïe aïe
MOUSTACHE
C’est celui des voisins Langlard
CAPUCINE
Oh Cette manie m’énerve
Cette manie de laisser ouverte la porte du jardin
MOUSTACHE
Ce mistigri de malheur traîne la patte
Depuis son combat avec le matou des Orsini
Je le reconnais quand il rôde
CAPUCINE
Une véritable boucherie cette bagarre
Maintenant C’est un monstre difforme
On ne s’attaque pas au matou des Orsini
On la ferme et on se barricade
MOUSTACHE
Reconnaissons un certain courage au chat des Langlard
Il lui en a fallu avant de se faire étaler comme une carpette
CAPUCINE
Ce n’était pas son jour
Et de toute façon Bien fait
MOUSTACHE
Rétamé Il n’en menait pas large
CAPUCINE
Il a payé pour ses actes
MOUSTACHE
La satanée bestiole approche
La tentation de la porte ouverte
Le minou n’y résiste pas
C’est un infatigable curieux et un fourbe
CAPUCINE
Et un voleur
MOUSTACHE
Un maraudeur accompli
Un flibustier
On entend le miaulement d’un chat.
CAPUCINE
Là
MOUSTACHE
Où ça
CAPUCINE
Non Je voulais dire je l’entends là
MOUSTACHE
Persillé du Mont-Blanc
Cet enfoiré fait comme chez lui
Ma réponse sera La lance à incendie
CAPUCINE
Mais enfin Est-ce qu’on entre chez les gens comme ça
MOUSTACHE
Tu vas voir la réception que je vais lui offrir
CAPUCINE
Quelle grossièreté
MOUSTACHE
Cattus regnat
Le chat règne
CAPUCINE
Quel pignouf
MOUSTACHE
Il ne se pose pas de questions
Cattus est dominus
CAPUCINE
Moustache
MOUSTACHE
Cati nos ducit in navi
Hic est veritas
CAPUCINE
Quo vadis
MOUSTACHE
Je vais chercher la lance à incendie
CAPUCINE
Bonum iter
Un temps.
Non mais ça ne va pas Qu’est-ce qui nous prend
Le latin n’est peut-être pas nécessaire
MOUSTACHE
Nous y voilà
Le maître inspecte les lieux
Il se tâte sur le pas de la porte
Ce n’est pas du flegme
C’est juste de la mollesse
De la fainéantise
Accomplir un pas de plus Ou ne pas
Oh Je suis au bord de l’épuisement
Je pourrais me laisser aller Mais oui
Je pourrais m’avachir dans l’entrée
Sur la pierre bleue
Dans ce rayon de soleil
CAPUCINE
Insupportable flemmard
MOUSTACHE
Stop Je me répands sur le sol
Pavé du Larzac Quelle lavette
CAPUCINE
Une foutue feignasse
MOUSTACHE
Je vais lui envoyer
CAPUCINE
Tu crois
MOUSTACHE
Un jet glacé pleine puissance
CAPUCINE
Oh Oui
MOUSTACHE
Oh Oui
CAPUCINE
Mais pour quelle raison
MOUSTACHE
Aucune
Pour rien C’est encore meilleur
CAPUCINE
C’est trop
MOUSTACHE
Ou plutôt si Pour le plaisir
CAPUCINE
Gratuitement
MOUSTACHE
En plein dans le buffet du minet
CAPUCINE
Ça me dégonde
MOUSTACHE
À la douche Le tigré
CAPUCINE
Hydrothérapie radicale
MOUSTACHE
Faut que je me rapproche un peu
CAPUCINE
Ouh Ça m’électripote
Sois prudent
Petit intermède musical. Moustache revient essouflé.
MOUSTACHE
Roquefort et Rondin du Nord
Quel guet-apens Quelle embuscade
CAPUCINE
Quel lessivage Tu veux dire
MOUSTACHE
Cette eau glacée
La surprise Le bond La cascade
CAPUCINE
Ce vol plané
MOUSTACHE
Patatras au bas de l’escalier
Ce miaulement désespéré
CAPUCINE
Ce torchon qui détale
MOUSTACHE
Ce feu au cul de la serpillière
CAPUCINE
Je pense que nous ne sommes pas près de revoir le matou
Moustache et Capucine soupirent de bonheur. On entend la voix de madame Dupoinçon : « Mais ! Mais non ! Qui m’a mis toute cette eau dans l’entrée ? Antoinette ! Antoinette !
Et en plus
L’affreuse va se prendre sa mère en travers
MOUSTACHE
Quelle magnifique journée Ma chérie
CAPUCINE
Oh Oui Je vais m’asseoir quelques minutes
Ce que c’est épuisant les belles journées
(à suivre…)
© Stanislas Cotton 2020-2023